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  • Photo du rédacteurLes Lampions

Qui a peur du SRAS ? Editorial - Juin 2003

L’Association des Lampions n’est pas une association « urgentiste », nous ne sommes pas en permanence prêts à partir sur les lieux sinistres. Avant de nous expatrier pour une mission du 7 au 27 Avril [2003] nous avons, au préalable, longuement réfléchi pour prendre notre décision. Nous avions des informations locales fiables. Nous avons été en contact jusqu’à la veille de notre départ avec les services du Ministère de la Santé et surtout avec un numéro vert Ecoute Santé mis en place par la Direction Générale de la Santé à partir du 16 Mars.


Des membres de l’équipe initiale, au nom du principe de précaution, n’ont pu partir avec nous, suite à un refus de leur administration, d’autres seront « consignés » à leur retour, le temps d’une éventuelle incubation. La première des mesures à prendre est, dans tous les cas, l’information sur les caractéristiques de la maladie, c’est à dire surveiller la température, la toux, un essoufflement anormal… mais sans pratiquer d’éviction systématique. Il n’est pas question de vouloir minorer ou de banaliser la gravité du virus de la pneumonie atypique. Néanmoins, rappelons que notre intervention se situe au sud Viêt-Nam (delta du Mékong) à plus de 1500 km d’Ha Nôi – qu’à ce jour, parmi 68 cas contaminés 5 sont décédés, tous à l’hôpital Français d’Ha Noi, lieu de soins du premier cas non déclaré venant de Hong Kong. Aucun touriste depuis n’a été touché, 960000 voyageurs sont arrivés à Ha Noi durant le premier trimestre 2003, « le courrier du Viêt-Nam 27 Avril 2003 ».


Où commencent et où finissent les obligations de la sécurité sanitaire ? La prévention légitime-t-elle toutes les mesures prises par des employeurs ? Ne nous gaussons pas cependant de la décision prise par certains. N’oublions pas que pendant très longtemps la phobie, la peur, l’affolement, des réflexes archaïques ont supplantés toute réflexion et lucidité face à cette épidémie. Redisons que l’OMS a rendu hommage aux autorités vietnamiennes pour « une réponse rapide et un soutien à un très haut niveau, et pour avoir accepté de l’aide et avoir reconnu publiquement le sérieux de la situation » quelle leçon de pragmatisme ! Un temps le Viêt-Nam a envisagé de fermer la frontière avec la Chine, mais le réalisme politique et commercial a primé.


Nos collègues Vietnamiens du sud nous dirons leur étonnement devant l’attitude phobique occidentale vis à vis de leur pays : épidémie mondiale qui risque d’affecter 30 % de l’humanité ! l’Asie est contaminée ! le nouveau péril jaune ! un Tchernobyl chinois ! Où est notre légendaire rationalité ? Notre esprit cartésien ce jour là a été malmené. Nous sommes restés sans réponse.


Bernard ASTRUC


Retrouvez le bulletin complet de Juin 2003 ici.

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