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  • Photo du rédacteurLes Lampions

La fabrique des « doudou »... Ou si toutes les couturières du monde voulaient se donner la main

Le «Doudou », comme tout le monde le sait, est un objet, souvent un jouet en tissu, que l’enfant choisi comme ami intime, indispensable et irremplaçable. Dans ce petit morceau de tissu l’enfant peut déverser ses émotions sans retenue ni pudeur. Il s’en sert de confident, de réconfort ou de souffre-douleur.


Les enfants de l’orphelinat de Thiên An, au passé chargé, qui le désireraient, pourraient ainsi en avoir un pour les aider à exprimer des souffrances intimes qu’ils ne s’autorisent ni à montrer ni à verbaliser.


L’idée de leur faire fabriquer eux même des poupées en chiffon a ainsi été proposée à Yen, la directrice de l’orphelinat.


La vieille machine à coudre à pédales « Singer » est déjà sur place, comme un appel…


Alors, direction le marché de Can Tho pour acheter le fil, les épingles, les aiguilles, les ciseaux, la craie, le tissu, manque le rembourrage…. Peut-être allons nous en trouver chez les marchands de coussins et d’oreillers dans la rue à côté de chez Net ?


« Không ! » Nous ne pouvons pas vous vendre l’intérieur sans vous vendre l’extérieur ! » Il nous faut donc acheter tout un lot de coussins ce qui fait alors significativement grimper le prix des matières premières et demande alors un temps de réflexion.


En sortant du magasin, nous nous retrouvons devant la devanture d’une boutique de création de robes de soirée. « Tiens, si on entrait, juste pour voir ! »


« Xin Chào ! » « Bonsoir ! » et Net de commencer à expliquer que nous sommes à la recherche de rembourrage pour la confection de poupées en tissu pour les enfants de l’orphelinat de Thiên An.


« Ah bon ! Ah bon ! J’ai entendu parler de l’orphelinat, et j’ai vraiment envie de faire quelque chose pour aider les enfants. Est-ce que je peux venir vous aider à coudre les poupées ? Mais j’y pense, j’ai des sacs entiers de chutes de tissu qui en les coupant en petits morceaux, pourraient vous servir de rembourrage. Vous avez aussi besoin de rubans ? J’en ai ! Et des aiguilles pour la machine ? Pas de problème ! Je viens avec vous demain. Ma fille Trang, étudiante en droit actuellement en vacances, nous accompagnera. Alors à demain 8 heures devant chez Net !


Le lendemain matin, tout le monde s’entasse sur les motos et direction l’orphelinat.


Pendant que les garçons démarrent la fabrication du « cajun », les plus grandes des filles sont rassemblées autour de la machine à coudre. Dessin du patron des futures poupées sur une feuille de papier journal, choix puis découpage du tissu, assemblage des pièces à la main puis couture à la machine par Trang. Ensuite, après la découpe des chutes de tissus, les poupées sont remplies et prennent forme.


En fin de matinée, elles sont habillées et personnalisées : des perles ou du feutre pour représenter les yeux, des tresses ou des cheveux raides pour les unes, des robes à fleurs, des robes à rayures, des ceintures ou des nœuds en ruban pour les autres…


Mais il faut s'arrêter et tout ranger car c'est l’heure du déjeuner. A demain pour de nouvelles créations.


Le lendemain, dès notre arrivée, nous sommes attendues par les plus jeunes qui veulent eux aussi leur poupée.


My Linh commence alors à dessiner un petit nounours sur du papier journal… et c’est la cohue ! Tout le monde veut le même ! Et de recopier le modèle, et de se passer les ciseaux, et de choisir le tissu, et de couper en petits morceaux les chutes de tissus… La vieille machine à coudre n’avait pas marché autant depuis des années...


A l’heure du déjeuner, il est difficile d’arrêter l’atelier surtout pour ceux qui n’ont pas fini leur nounours. Mais nous revenons demain.


Le lendemain, nous sommes assaillies par ceux qui nous attendent pour finir leur nounours et par ceux qui ont de nouvelles propositions : des « Mickey », des « Tigrou », des « Tom & Jerry »…Malheureusement nous sommes obligées de refuser certains modèles beaucoup trop sophistiqués.


Et la matinée de couture intensive redémarre. Tout le monde, garçons et filles, petits et grands veut son « doudou ». Chacun s’affaire fébrilement à mener à bien sa fabrication jusqu’à l’étape finale où les yeux pétillants de joie et de fierté, il peut exhiber sa création personnelle et la serrer dans ses bras.


Nos couturières bénévoles vietnamiennes sont enchantées de leur intervention. La joie communicative des enfants est leur récompense.


Laissons maintenant ces «doudou» tenir le rôle que chaque enfant voudra bien lui donner…


Françoise Jouanneau-Doan


Mission Thiên An


Août 2011

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