Ce samedi matin, fin octobre, le départ de Danang sous la petite pluie matinale débutante ne laissait pas présager de la tempête qui allait suivre.
Il paraît que tout le monde en parlait, mais en vietnamien, donc difficile à comprendre pour nous. Le monde parlait de la tempête Trami, la prochaine et la sixième de l’année du dragon. Il y a juste 60 ans, en 1964, la même année du dragon, les anciens se souviennent de l’intensité des pluies dans cette région du centre du Vietnam pourtant habituée à recevoir son lot d’intempéries en cette période des moussons. Evidence météorologique pour cette région étroite, coincée entre la mer de chine et les hautes montagnes, frontière du Laos, qui arrêtent les nuages.
2024 n’échappera pas aux prédictions astrologiques chinoises.
En arrivant à Huế dans l’après-midi, les températures étaient plutôt douces mais le vent commençait à voiler le soleil de nuages de plus en plus nombreux. Quelques heures plus tard, de grosses gouttes de pluie chaude s’abattaient sur la ville des rois.
Les palmiers et les cocotiers bordant la rivière des parfums se pliaient sous la force du vent en remuant leurs larges feuilles palmées comme une verte chevelure ondoyante.
Et toujours la pluie qui s’abattait sur le sol, la rivière, la végétation, les tôles ondulées, les vitres, les pierres…. Les habitations résistaient au mieux, mais certaines étaient obligées de capituler et laissaient l’eau s’infiltrer de façon intense et autoritaire. Les rues habituellement bien fréquentées, ne contenaient plus que quelques motos et voitures qui avançaient prudemment en évitant les arbres déracinés et les objets transportés ici et là par la tempête. Les consignes des autorités étant de ne sortir qu’en cas d’extrême nécessité.
Outre ces images impressionnantes, le plus effrayant était le bruit.
Le sifflement intense et modulé du vent, le clapotis violent des grosses gouttes sur l’eau, le sol, les constructions métalliques, les tôles et les toiles, le bruissement des feuilles, le battement au vent des palmes, tous les éléments déchaînés jouaient une symphonie tropicale dissonante et effrayante.
Il faudra attendre plusieurs heures plus tard, pour que le vent daigne enfin lâcher sa partition et laisser la pluie finir doucement le concert.
Après plusieurs jours de précipitations, le soleil arrive à réapparaître quelques heures puis laisse place à un nouvel épisode pluvieux.
Ah Huế, toi si belle, mais si pluvieuse, comment étais tu à l’époque des rois ?
Françoise
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