Il y a deux ans, lors de notre passage à Thien An, nous avions rencontré deux petits garçons d’environ 2 et 4 ans qui venaient d’arriver du Nord du Vietnam tout près de la frontière chinoise.
Ces deux frères orphelins, vivant chez un oncle, avaient été repérés par des trafiquants d’organes et sauvés in extrémis par des villageois qui les avaient éloignés en les confiant à l’orphelinat.
Cela faisait quelques semaines qu’ils étaient arrivés, et Rose avait beaucoup de mal à traiter leurs dermites de grattages témoins d’infestations parasitaires multiples. Ils mangeaient avec leurs doigts, avaient peur de la douche et faisaient leurs besoins n’importe où. Ils ne parlaient pas et regardaient avec des yeux apeurés quiconque essayait de les approcher ou de les toucher. Leur sommeil était agité par des sursauts, des grognements et des cris presque inhumains.
L’an dernier, nous les avons revus. Ils avaient retrouvé une peau et des cheveux sains et commençaient à participer timidement aux jeux et à accepter l’examen clinique.
Cette année, lorsque nous sommes arrivés, ils n’étaient pas là, ils étaient repartis passer quelques jours dans leur famille dans le nord.
En milieu de semaine, ils sont revenus. Le plus jeune, le visage douloureux, ne pouvait plus marcher. Il était facile de voir une déformation de sa jambe gauche qui laissait présager d’une très probable fracture. Après l’avoir conduit faire une radiographie, le diagnostique était confirmé, et la jambe plâtrée. De retour de l’hôpital, il profitait de son handicap en riant de bon cœur avec les autres enfants qui se disputaient pour le transporter et l’aider.
Quant à son frère, il avait réussi à se glisser dans une des tenues de foot et avait intégré avec excitation l’équipe « d’Argentine » pour la finale du tournoi.
Il paraît difficile d’espérer mieux comme épanouissement réussi…
Comments