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« Bac Hoà, donne-moi ton numéro de téléphone »

Photo du rédacteur: quoc hoa doanquoc hoa doan

Le ciel devient menaçant, le typhon numéro 5 vient de quitter le centre et le nord du Vietnam pour venir menacer les deltas du sud. C’est plutôt rare en cette saison. Certainement encore un des effets du réchauffement de notre climat.

Il fait lourd et moite, au milieu des agitations et rires de quelques quarante enfants affamés avant le repas. Il est vrai que le curry de poulet que Mme Oanh (notre correspondante locale) prépare depuis l’aube, paraît bien alléchant!

La matinée était agitée avec le tournoi de football des garçons de Thiên An, Institut d’accueil des enfants défavorisés à 10 km de Can Tho, entre deux petits cours d’eau marron du Mékong.

J’ai cru mal entendre ou comprendre ce que me disait l’une des dernière pensionnaire de Thiên An.

Son sourire est triste en me tenant la main pour me répéter à nouveau la phrase.

Elle me regarde dans les yeux, elle a l’air de lire dans ma pensée et secoue ma main comme pour essayer de dissiper mon air perplexe.

Je ne la connais pas. C’est la première fois que je l’aperçois au centre. Je me renseigne autour de moi pour apprendre qu’elle est arrivée depuis seulement quelques mois. Son père l’a amenée à Mme Yên, la Directrice du centre, pour lui demander de s’en occuper. Elle était tellement sale que sa première toilette était une vraie entreprise. Son père est reparti en laissant un numéro de téléphone, en disant qu’il essaiera de passer de temps en temps voir sa fille.

Elle ne l’a jamais revu depuis ce jour. Il était injoignable sur le numéro laissé. On a appris que sa mère est partie avec ses 2 demi-sœurs, et que c’est la grand-mère qui la gardait, jusqu’à son décès récent. Elle s’est retrouvée alors avec son père sur la route, au gré de ses petits boulots, ici et là, sans domicile. Il est d’origine Khmère.

Au centre, elle reste réservée et a du mal encore à partager la complicité des autres. Elle me dit avoir 10 ans, mais elle a l’air de faire à peine 6 ans et tellement fragile qu’on a peur de briser les os quand on tient ses mains. Des fois, à l’heure de la toilette, elle crie sa colère avec le personnel en disant qu’elle ne veut pas se laver et qu’elle aimerait rester bien sale…. comme avant, comme avec son père, ou sa grand-mère…

Elle secoue ma main à nouveau et je reprends mes esprits. « Pourquoi tu veux mon numéro de téléphone ? » Je lui demande en retour, sans m’attendre vraiment à une réponse. Après quelques secondes d’un regard silencieux long comme un siècle, elle marmonne : « Quand je serai de retour chez mon papa, je t’appellerai »

J’ai senti l’effet d’un coup de poing dans ma poitrine, et j’ai tourné ma tête pour qu’elle ne puisse pas voir mes yeux.


Journée difficile !

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